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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/254

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ment pour qu’on puisse en donner une explication détaillée. Je me souviens qu’une Fraülein venant de la cuisine entra dans la pièce, une poêle à la main ; je la vis se diriger vers la porte de sortie. Le moment d’après toute la pièce était sens dessus dessous. Cela vous rappelait ces spectacles à transformation : d’un décor vaporeux bercé d’une musique lente, peuplé de fleurs se balançant sur leurs tiges et de fées, on se trouve brusquement transporté au milieu de policemen criant et trébuchant parmi des bébés qui hurlent et des dandies qui sur des pentes glissantes se battent avec des arlequins, des dominos et des clowns. Comme la Fraülein à la poêle atteignait la porte, celle-ci fut si rapidement poussée qu’on aurait dit que tous les diables de l’enfer avaient attendu, pressés derrière elle, le moment favorable. Deux cochons et un poulet surgirent avec fracas dans la pièce ; un chat, qui dormait sur un tonneau de bière, s’éveilla en sursaut et entra dans la mêlée. La demoiselle lança sa poêle en l’air et se coucha par terre tout de son long. L’homme à la brique sauta sur ses pieds, renversant sa table avec tout ce qui se trouvait dessus. On cherchait à se rendre compte de la cause de ce désastre : on la découvrit aussitôt dans la personne d’un terrier métis aux oreilles pointues et à la queue d’écureuil. L’hôte s’élança d’une autre porte et essaya de le chasser à coups de pied ; au lieu de lui ce fut un cochon, le plus gros des deux, qui reçut le coup. C’était un coup de pied