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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/49

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— Hum ! J’hésite. Nous aurons des montées difficiles ; il est indispensable que nous ayons de bons freins.

— Je suis de votre avis : il nous faudra de bons freins ; mais ce qu’il ne nous faut pas, c’en est un qui nous réserve des surprises, dont nous ne comprendrons pas le mécanisme et qui ne fonctionnera jamais au moment voulu.

— Celui-ci, affirma-t-il, est automatique.

— Inutile de me le dire, répliquai-je. Je sais par intuition exactement de quelle manière il va marcher. Aux montées il bloquera tellement que nous serons obligés de pousser les machines à la main. Une fois là-haut, l’air lui fera du bien et lui rendra subitement sa souplesse primitive. Il se mettra à réfléchir à la descente et se dira qu’il nous a beaucoup ennuyés. Il arrivera à le regretter et ensuite à être au désespoir. Il s’adressera des reproches, il se dira : « Je ne suis qu’un mauvais frein ; je n’aide pas ces jeunes gens, je les gêne plutôt. Je ne suis qu’un fléau, voilà tout mon rôle. » Et sans crier gare il faussera toute la machine. Vous verrez que c’est ce que fera votre frein. Laissez-le tranquille. Vous êtes un bon garçon, mais vous avez un défaut.

— Lequel ? demanda-t-il indigné.

— Vous êtes trop confiant. Il vous suffit de lire une réclame et vous avez la foi. Vous avez essayé chaque nouvelle invention que des idiots ont lancée pour le plus grand bien des cyclistes. Votre ange gardien me semble être un esprit capable et cons-