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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/85

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Il arrivait qu’on le lui retrouvât ; la plupart du temps il était assis dessus, et alors il souriait, non pas aimablement, mais d’un sourire las, celui d’un homme abandonnant toute lutte contre le sort qui se force à vivre au sein d’une bande d’idiots fieffés.

— Dire qu’il était juste sous votre nez !

Il se dirigeait ensuite vers l’antichambre, où ma tante Maria avait eu soin de rassembler tous les enfants, pour qu’il pût leur dire au revoir.

Jamais ma tante n’aurait quitté la maison, fût-ce pour une visite dans le voisinage, sans prendre tendrement congé de chaque membre de la famille.

— On ne sait jamais ce qui peut arriver, avait-elle coutume de dire.

Sur le nombre il y en avait naturellement toujours un qui manquait. Les six autres, au moment où on le remarquait, filaient dans toutes les directions à la recherche de l’absent en poussant de grands cris.

À peine avaient-ils disparu que le manquant arrivait tranquillement. Il n’avait pas été loin et fournissait une explication très plausible de cette absence. Puis, sans plus attendre, il courait expliquer aux autres qu’il avait été retrouvé. De cette manière, il fallait bien cinq minutes pour que tous pussent être réunis, ce qui permettait tout juste à mon oncle de mettre la main sur son parapluie et d’égarer son chapeau. Enfin, le groupe étant rassemblé dans le vestibule, la pendule du salon commençait à sonner neuf heures d’un son froid et