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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/89

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C’était ahurissant. Le livre donnait trois ou quatre méthodes pour l’achat de bottines. George avait choisi spécialement celle où intervenait « monsieur X. », la considérant comme la plus polie de toutes. Vous commenciez par entretenir longuement le marchand de ce « monsieur X. », et quand vous étiez arrivé par ce moyen à vous mettre sur un pied d’amitié et de bonne entente avec lui, vous passiez avec aisance et grâce à l’objet principal de votre visite, à votre désir d’acheter des bottines à bon marché, mais solides. Cet homme grossier et pratique n’avait pas l’air de se soucier des gentillesses de la vente au détail. Il était indispensable avec celui-là d’aborder la question brutalement. George abandonna « monsieur X. » et, feuilletant le bouquin, il prit une phrase au hasard. Son choix ne fut pas heureux ; c’était une phrase qui aurait été superflue, adressée à n’importe quel marchand de chaussures. Dans la circonstance, entourés comme nous l’étions à en étouffer de monceaux de bottines, elle présentait le charme d’une imbécillité parfaite.

Voici la phrase :

— Quelqu’un m’a dit que vous aviez ici des bottines à vendre.

L’homme déposa enfin son marteau et son ciseau et nous regarda. Il parlait lentement d’une voix rauque et voilée.

— Pour quelle raison croyez-vous que j’aie toutes ces bottines ? Pour les renifler ?