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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/97

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Soucieux, moi aussi, d’être franc, j’étalerai ici les tares de mon livre.

Ce livre ne contiendra pas d’information utile.

Celui qui croirait, guidé par lui, pouvoir entreprendre un voyage à travers l’Allemagne et la forêt Noire, s’égarerait sûrement avant de s’embarquer. Et ce serait ce qui pourrait lui arriver de plus heureux. Plus il s’éloignerait de son pays natal, plus les difficultés iraient grandissant.

Je me considère comme inapte à donner des conseils pratiques. Je ne suis pas né avec cette conscience de mon incapacité : elle m’est venue à la suite d’expériences cruelles.

À mes débuts dans le journalisme, j’étais attaché à un périodique, précurseur de ces nombreuses revues populaires d’à présent. Nous nous vantions d’allier l’utile à l’agréable : au lecteur de déterminer ce qu’il y avait là d’amusant et ce qui devait y être considéré comme instructif. Nous donnions des conseils à ceux qui allaient se marier, — des conseils sérieux et détaillés qui, s’ils avaient été suivis, auraient fait de notre public la fleur de la gent maritale. Nous montrions à nos abonnés la manière de s’enrichir en élevant des lapins, avec exemples et chiffres à l’appui. Ce qui eût dû les surprendre, c’est que nous n’abandonnassions pas le journalisme pour nous mettre à l’élève du lapin. J’ai maintes et maintes fois établi, d’après des sources autorisées, qu’au bout de trois ans un homme qui commence avez douze lapins de choix