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III

La Langue volofe est une des langues les plus importantes des côtes occidentales de l’Afrique. Elle est, sur le littoral du moins, la première non sémitique, la première qui commence, au nord, la série des nombreuses langues de l’immense Nigritie. C’est le fleuve du Sénégal qui fait la ligne de séparation entre les langues arabe et volofe, comme il la fait entre la race arabe ou maure et la race noire. Sur la rive droite sont les maures parlant et écrivant l’arabe, sur la rive gauche les Noirs[1] parlant le volof.

Le volof semble être une langue primitive ; car d’abord elle a plusieurs mots qui sont pour ainsi dire le cri de la nature, comme é ( éveiller), ( appeler), rakakaki (grincement des dents), puis elle a un grand nombre de monosyllabes ou de dissyllabes, dont la dernière est presque toujours un peu muette, enfin on ne connaît aucune langue dont elle dérive. Quoiqu’elle ait adopté plusieurs mots de l’arabe, son génie cependant en diffère radicalement.

Nous ne croyons pas devoir entrer dans de grands détails sur la nature du travail auquel nous nous sommes livrés pour rédiger la Grammaire de la Langue volofe. Les personnes familiarisées avec les études comparatives des langues sauront l’apprécier par la simple lecture, et il ne nous serait pas possible de relever toutes les objections que nous avons entendu faire par les personnes étrangères à ces mêmes études. Nous dirons seulement

  1. Nous disons Noirs au lieu de Nègres, parce que le mot nègre est devenu, sur les plages africaines, un terme injurieux. Le mot nègresse cependant est toujours pris en bonne part.