Aller au contenu

Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
François Got.

M. Got (né à Lignerolles [Orne], le 1er octobre 1822, et venu de bonne heure à Paris) m’a déclamé par cœur ses monologues favoris de Figaro et Sganarelle, dont il me répétait quelques passages à plusieurs reprises. Chaque fois, sa prononciation et son intonation étaient absolument les mêmes. Il va sans dire que sa prononciation est conforme aux règles professées par lui-même au Conservatoire; son r est donc une r dentale bien articulée; les mots les, des, ses, etc. ont chez lui l’e ouvert recommandé par tous les théoriciens de la scène; les e fermés protoniques gardent leur nature, enfin toutes les voyelles et toutes les consonnes finales, médianes et initiales se font entendre distinctement et ne subissent que les modificationsn inévitables dans une prononciation courante. Je n’ai trouvé aucun bretonisme dans la bouche de M. Got; ses o͜a ou ǫ͜a s’entendent partout, surtout si la diphtongue u̯a se trouve dans une syllabe protonique et est frappée par l’accent oratoire. M. Got fait grand cas du profit qu’on peut tirer de la prononciation ou de la suppression de l’e sourd (muet); plus il y a d’emphase, plus il faut de ə prononcés; plus il y a de familiarité, moins il faut en faire sonner. Dans les vers, on doit les faire sentir toujours d’une manière ou d’une autre. Les consonnes doubles au milieu d’un mot marquent, d’après lui, seulement que la voyelle précédente est brève; il n’y a de véritables consonnes doubles que dans des mots savants commençant par ill-, imm-, irr, etc. (illusion, immortel, irruption). En récitant des vers, M. Got leur conserve leur rythme classique, mais, en même temps il les soumet au joug d’un accent oratoire des plus variés et il ne trouve pas d’inconvénient à glisser rapidement d’un vers à un autre si une marche rapide est indiquée, soit qu’il faille exprimer une grande émotion ou cacher l’insignifiance ou la nullité d’un passage.