Aller au contenu

Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

inutile. Pou-ou! je vois s’élever contre moi, mille pauvres diables à la feuille; on me supprime; et me voilà derechef sans emploi! — Le désespoir m’allait saisir; on pense à moi pour une place, mais par malheur j’y étais propre: il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l’obtint. Il ne me restait plus qu’à voler; je me fais banquier de pharaon: alors, bonnes gens! je soupe en ville, et les personnes dites, comme il faut, m’ouvrent poliment leur maison, en retenant pour elles les trois quarts du profit. J’aurais bien pu me remonter; je commençais même à comprendre que pour gagner du bien, le savoir-faire vaut mieux que le savoir. Mais comme chacun pillait autour de moi, en exigeant que je fusse honnête; il fallut bien périr encore. Pour le coup je quittais le monde, et vingt brasses d’eau m’en allaient séparer: lorsqu’un Dieu bienfaisant m’appelle à mon premier état. Je reprends ma trousse et mon cuir anglais; puis laissant la fumée aux sots qui s’en nourissent, et la honte au milieu du chemin, comme trop lourde à un piéton, je vais rasant de ville en ville, et je vis ainsi sans souci. Un grand seigneur passe à Séville; il me reconnaît, je le marie; et pour prix d’avoir eu par mes soins son épouse, il veut intercepter la mienne! intrigue, orage à ce sujet. Prêt à tomber dans un abîme, au moment d’épouser, ma mère, mes parents m’arrivent à la file. (Il se lève en s’échauffant.) On se débat; c’est vous, c’est lui, c’est moi, c’est toi; non ce n’est