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Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/15

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au centre de la lumiére et du bon goût, parmi les dames qui se picquent de génie et d’élocution, parmi les savans et le ecclesiastiques de la cour, parmi les académiciens et les avocats du premier ordre». Dumarsais (1751) dit que, «pour bien parler une langue vivante, il faudroit avoir le même accent, la même inflexion de voix qu’ont les honnêtes gens de la capitale». Et il définit le bon usage «la manière ordinaire de parler des honnêtes gens de la nation … j’entends les personnes que la condition, la fortune ou le mérite élèvent au dessus du vulgaire, et qui ont l’esprit cultivé par la lecture, par la réflexion et par le commerce avec d’autres personnes qui ont ces mêmes avantages». Antonini (1753) déclare qu’il a cru devoir s’en rapporter aux «avis de ceux qui parlent le plus purement; de gens de lettres sans accent; de dames de la cour et de Paris le mieux élevées». Suivant Duclos (1754), «tout grammairien qui n’est pas né dans la capitale, ou qui n’y a pas été élevé dès l’enfance devroit s’abstenir de parler des sons de la langue». Il dit ailleurs: «Ce qu’on apèle parmi nous la société, et ce que les anciens n’auroient apelé que coterie, décide aujourd’hui de la langue et des mœurs». Moulis (1761) donne les préceptes suivants: «Parlez dans la conversation comme on parle à la cour et dans la bonne compagnie de la capitale; parlez comme parlent nos dames bien élevées; ce sont nos meilleurs maîtres en fait de ton par rapport au langage. Parlez dans le discours soutenu comme on parle à l’Académie, dans la chaire, dans le barreau, dans les spectacles.»

L’autorité de la cour demeura pourtant fort grande jusqu’à la Révolution, puisqu’en 1785 Montmignon s’exprime ainsi: «Entre mille usages vicieux ou incertains,