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Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/159

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M. Silvain et Mme Bartet.

Pour voir comment on déclame sur la scène des vers lyriques, j’ai assisté à plusieurs représentations de la Grisélidis de MM. Sylvestre et Morand, mystère représenté pour la 1re fois à Paris, sur la scène de la Comédie Française, le 15 mai 1891, et qui abonde en vers lyriques. J’ai choisi icomme exemples le dialogue d’adieu du premier acte (sc. 10) et le monologue en vers libres de Grisélidis (Mme Bartet) de l’acte deuxième. La déclamation des deux acteurs correspondait au caractère de la poésie: les vers furent prononcés avec une certaine solennité qui elle-même prenait son expression acoustique par une lenteur relative de la récitation, par un plus grand soin dans l’articulation des phrases, des mots et de leurs éléments constitutifs, surtout des e sourds qui ne disparaissaient qu’en petit nombre, enfin par une attention suivie faite au rythme, aux accents (logiques) du vers, qui se faisaient valoir beaucoup plus que dans la déclamation de vers héroïques. La prononciation des deux acteurs était celle qui est enseignée par les professeurs du Conservatoire: r dentale; les, des, mes, etc. avec e ouvert, etc., ce qui ne les empêchait pas, du reste, de faire entendre, de temps à autre, une r vélaire, même grasseyée, des e mi-ouverts au lieu d’e fermés, et de commettre d’autres petites infractions aux règles des orthoépistes. Il y avait, dans chaque représentation, de petites divergences que je n’ai pas notées.