Aller au contenu

Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

emphatique; il causait juste, il parle faux, car on parle faux comme on chante faux … Il ne faut pas être injuste pour les avocats; les prédicateurs sont absolument pareils. J’ai entendu bien des prédicateurs, je n’en ai entendu qu’un seul qui parlât complétement juste. Je ne le nommerai pas pour ne pas me brouiller avec tous les autres.» À l’entendre, on croirait que M. Legouvé, académicien, conférencier, et auteur de plusieurs traités sur la lecture, possède le monodpel de la bonne prononciation. Malheureusement ses confrères n’en croient rien; un célèbre théoricien et praticien, que je ne nommerai pas, pour ne pas le brouiller avec M. Legouvé, m’assure expressément qu’il faut se méfier de ses décisions. Il nous reste les comédiens et leurs professeurs au Conservatoire. Il est vrai qu’au dire de Littré le bon temps du théâtre est passé (v. ci-dessus p. X). Voyons néanmoins quels sont leurs principes! M. Dupont-Vernon, de la Comédie française, officier de l’instruction publique, professeur agrégé au Conservatoire, les fait connaître dans un livre[1] dont on me vantait beaucoup le bon sens. J’ai étudié ce livre: le bon sens y est, mais aussi une ignorance complète de la science phonétique dont la connaissance rendrait pourtant de grands services aux professeurs et aux élèves du Conservatoire. Les prescriptions pratiques de M. Dupont-Vernon, dans son chapitre sur la prononciation, ne brillent ni par leur clarté ni par leur précision. Il demande qu’on prononce purement: «il faut se soumettre, sans tenir compte de son goût personnel, aux règles établies en matière de prononciation, mais en rapprochant ces règles de l’usage, et préférer, en cas de doute, ne pas

  1. L’Art de bien dire. 4e éd. Paris 1891.