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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/100

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lérée, quand tout le monde, dans la ville somptueuse comme dans la sombre cabane, prend intérêt à la chose commune, discute, parle, et cherche à convertir les autres, que l’idée anarchiste, semée dès aujourd’hui par les groupes existants, pourra germer, porter ses fruits et se préciser dans la grande masse des esprits. C’est alors que les indifférents d’aujourd’hui deviendront partisans convaincus de l’idée nouvelle.

Telle a toujours été la marche des idées, et la grande révolution française peut en servir d’exemple.




Certes, cette révolution n’a pas été aussi profonde que celle que nous rêvons. Elle n’a fait que renverser l’aristocratie, pour mettre à sa place la bourgeoisie. Elle n’a pas touché au régime de la propriété individuelle : au contraire, elle l’a renforcé ; c’est elle qui a inauguré l’exploitation bourgeoise. Mais elle a atteint un résultat immense par l’abolition définitive du servage, et elle a aboli ce servage par la force, ce qui est bien autrement efficace que l’abolition de n’importe quoi par les lois. Elle a ouvert l’ère des révolutions qui se suivent depuis à courts intervalles, en se rapprochant de plus en plus de la Révolution Sociale. Elle a donné au peuple français cette impulsion révolutionnaire, sans laquelle les peuples peuvent croupir des siècles sous l’oppression la plus abjecte. Elle a légué au monde tout un courant d’idées fécondes pour l’avenir ; elle a réveillé l’esprit de révolte, elle a donné l’éducation révolutionnaire au peuple français. Si, en 1871 la France a fait la