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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/117

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tent quelque délit, ils en sont quittes pour une amende légalement fixée ; et quant aux levées d’argent qu’on a coutume d’infliger aux serfs, ils en sont entièrement exempts. »

C’est donc bien réellement contre le seigneur que se soulève la Commune du moyen-âge. C’est de l’État que la Commune d’aujourd’hui cherchera à s’affranchir. Différence essentielle, puisque souvenons-nous en — ce fut bien l’État, représenté par le roi, qui, plus tard, s’apercevant que les Communes voulaient faire acte d’indépendance vis-à-vis du seigneur, envoya ses armées « pour châtier », comme dit la chronique, « la forsennerie de ces musards qui, pour raison de la Commune, faisaient mine de rebeller et dresser contre la couronne. »

La Commune de demain saura qu’elle ne peut plus admettre de supérieur ; qu’au-dessus d’elle il ne peut y avoir que les intérêts de la Fédération, librement consentie par elle-même avec d’autres Communes. Elle sait qu’il ne peut y avoir de terme moyen : ou bien la Commune sera absolument libre de se donner toutes les institutions qu’elle voudra et de faire toutes les réformes et révolutions qu’elle trouvera nécessaires, ou bien elle restera ce qu’elle a été jusqu’aujourd’hui, une simple succursale de l’État, enchaînée dans tous ses mouvements, toujours sur le point d’entrer en conflit avec l’État, et sûre de succomber dans la lutte qui s’en suivrait. Elle sait qu’elle doit briser l’État et le remplacer par la Fédération, et elle agira en conséquence. Plus que cela, — elle en aura les moyens. Aujourd’hui ce ne sont plus de petites villes seulement qui lèvent le drapeau de l’insurrection communale. C’est Paris, c’est Lyon, c’est Marseille,