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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/137

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attrayante pour les prolétaires de tous pays, de toute nationalité ?

La réponse est facile. — La révolution de 1871 fut un mouvement éminemment populaire. Faite par le peuple lui-même, née spontanément au sein des masses, c’est dans la grande masse populaire qu’elle a trouvé ses défenseurs, ses héros, ses martyrs — et surtout ce caractère « canaille » que la bourgeoisie ne lui pardonnera jamais. Et en même temps, l’idée mère de cette révolution, — vague, il est vrai ; inconsciente peut-être, mais néanmoins bien prononcée, perçant dans tous ses actes, — c’est l’idée de la révolution sociale, cherchant à s’établir enfin, après tant de siècles de luttes, la vraie liberté et la vraie égalité pour tous.

C’était la révolution de la « canaille » marchant à la conquête de ses droits.

On a cherché, il est vrai, on cherche encore à dénaturer le vrai sens de cette révolution et à la représenter comme une simple tentative de reconquérir l’indépendance pour Paris et de constituer un petit État dans la France. — Rien n’est moins vrai, cependant. Paris ne cherchait pas à s’isoler de la France, comme il ne cherchait pas à la conquérir par les armes ; il ne tenait pas à se renfermer dans ses murs, comme un bénédictin dans son cloître ; il ne s’inspirait pas d’un esprit étroit de clocher. S’il réclamait son indépendance, s’il voulait empêcher l’intrusion dans ses affaires de tout pouvoir central, c’est parce qu’il voyait dans cette indépendance un moyen d’élaborer tranquillement les bases de l’organisation future et d’accomplir dans son sein la révolution sociale, — une révolution qui aurait transformé complètement le