Aller au contenu

Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

toute cette gent-là non plus n’a pas raison d’être mécontente. Qu’on vienne leur parler de toucher à n’importe quoi, ils s’y opposeront de toutes leurs forces. Des paysans qui se ruinent en faisant des billets à ordre, des fermiers qui s’appauvrissent en procès, des Jacques-Bonhomme qui se laissent sucer par les araignées qui les entourent, c’est tout ce qu’il faut maintenant à tous ces usuriers. Des communes qui se laissent mener à la baguette par le maire, un État qui gaspille les fonds publics, c’est tout ce qu’il faut aux employés. Quand le paysan sera ruiné, ils iront faire la même chose en Hongrie, en Turquie s’il le faut, en Chine au besoin. L’usure n’a pas de patrie.

Ceux-là, évidemment, de ne plaignent pas. Mais combien sont-ils ? — Cinq cent mille ? Un million peut-être, les familles comprises ? Beaucoup trop pour ruiner en quelques années nos villages, mais peu de chose pour résister lorsque le paysan tournera sa fourche contre eux.




Puis, viennent ces propriétaires qui possèdent de 50 à 200 hectares. La plupart d’entre eux, certes, ne savent pas où le bât les blesse et, qu’on vienne leur parler de changer quelque chose, leur première idée sera de se demander s’ils ne vont pas perdre ce qu’ils possèdent. Ceux d’entre eux qui seraient momentanément dans la gêne, espèrent « réussir » un jour ; une spéculation heureuse, un emploi lucratif ajouté au métier d’agriculteur, un riche parent qui se suicidera un beau matin — et le bien-être reviendra. Généralement, la gêne leur est méconnue, le travail de