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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/173

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sont riches, absolument contents de leur sort, qu’ils ne veulent rien changer, qu’ils tourneront le dos aux socialistes !




Constatons d’abord que chaque fois que nous avons parlé aux paysans en disant toute notre pensée et dans un langage compréhensible, ils ne nous ont pas tourné le dos. Il est vrai que nous ne leur avons pas parlé de nous nommer, soit à la place de député, soit même à celle de garde champêtre ; nous ne leur avons pas fait de longues théories de socialisme soi-disant scientifique ; nous ne leur avons pas parlé non plus d’envoyer leurs fils à Paris, pour y coudoyer les avocats de la Chambre ; encore moins leur avons-nous conseillé de remettre leurs lopins entre les mains d’un État qui distribuerait le sol à qui bon lui semblerait, selon la fantaisie d’une armée d’employés. Si nous eussions dit ces bêtises, en effet, ils nous auraient tourné le dos, et ils auraient eu raison.

Mais, lorsque nous leur avons dit ce que nous

    puisque leurs moyens d’existence ne dépendent que du caprice et de la cupidité du rentier et qu’ils sont obligés d’émigrer, ou de se soumettre à ses volontés.

    « Il est impossible d’imaginer un état de choses plus détestable et plus funeste.

    « Plus de quarante millions d’hectares, on ne saurait trop le répéter, sont aux mains de personnes étrangères à l’agriculture. « Il en résulte, dit M. Toubeau, qu’une grande partie de cette surface est systématiquement condamnée au chômage, soit total, soit partiel. — Les grands propriétaires, ayant d’autres richesses que leurs domaines et n’étant point dans la nécessité de les faire valoir, usent du droit de les laisser chômer. »

    (Ed.)