Aller au contenu

Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/198

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

permission de tuer un bœuf à Brives-la-Gaillarde. Tout tombe peu à peu sous la haute main du gouvernement. Il ne lui manque plus que la gestion de l’industrie et du commerce, de la production et de la consommation, et les démocrates socialistes aveuglés de préjugés autoritaires rêvent déjà le jour où ils pourront régler dans le parlement de Berlin le travail des manufactures et la consommation sur toute la surface de l’Allemagne.

Le régime représentatif, que l’on dit être si pacifique, nous a-t-il préservé des guerres ? Jamais on ne s’est tant exterminé que sous le régime représentatif. Il faut à la bourgeoisie la domination sur les marchés, et cette domination ne s’acquiert qu’aux dépens des autres, par les obus et la mitraille. Il faut la gloire militaire aux avocats et aux journalistes, et il n’y a pas de pires guerroyeurs que les guerriers en chambre.

Les parlements ne se prêtent-ils pas cependant aux exigences du moment ? à la modification des institutions en décadence ? Comme du temps de la Convention il fallait mettre le sabre à la gorge des Conventionnels pour leur extorquer rien que la sanction des faits accomplis, de même aujourd’hui il faut se mettre en pleine insurrection pour arracher aux « représentants du peuple » la moindre des réformes.

Quant à l’amélioration du corps élu, jamais on n’a vu dégradation des parlements comme de nos jours. Comme toute institution en décadence, elle va en empirant. On parlait de la pourriture parlementaire du temps de Louis-Philippe. Parlez-en aujourd’hui aux quelques honnêtes gens égarés dans ces tourbières et ils vous diront : « J’en ai des haut-le--