Aller au contenu

Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/203

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nos jours, d’un seul coup de Bourse, empoche « honnêtement » des millions.

Et on s’étonnerait de voir toutes les passions mises en jeu, lorsqu’on cherche un maître qui va être investi d’un pareil pouvoir ! Lorsque l’Espagne mettait son trône vacant aux enchères, s’étonnait-on de voir les flibustiers accourir de toutes parts ? Tant que cette mise en vente des pouvoirs royaux restera, rien ne pourra être réformé : l’élection sera la foire aux vanités et aux consciences.




D’ailleurs, lors même qu’on rognerait tant soit peu le pouvoir des députés, lors même qu’on le fractionnerait en faisant de chaque commune un État au petit pied — tout resterait tel quel.

On comprend encore la délégation, lorsque cent, deux cents hommes qui se rencontrent chaque jour à leur travail, à leurs affaires communes, qui se connaissent à fond les uns les autres, qui ont discuté sous tous ses aspects une affaire quelconque et qui sont arrivés à une décision, choisissent quelqu’un et l’envoient s’entendre avec d’autres délégués du même genre sur cette affaire spéciale. Alors, le choix se fait en pleine connaissance de cause, chacun sait ce qu’il peut confier à son délégué. Ce délégué, d’ailleurs, ne fera qu’exposer devant d’autres délégués les considérations qui ont amené ses commettants à telle conclusion. Ne pouvant rien imposer, il cherchera l’entente, et il reviendra avec une simple proposition que des mandataires pourront accepter ou refuser. C’est même ainsi qu’est née la délégation : lorsque les Com-