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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/214

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C’est aux Communes affranchies que nous devons la renaissance de l’art, c’est aux corporations de marchands, souvent à tous les habitants de la cité, qui apportaient chacun leur part dans l’équipement d’une caravane ou d’une flotte, que nous devons ce développement de commerce qui amena bientôt les ligues hanséatiques et les découvertes maritimes. C’est aux corporations d’industriels, sottement décriées depuis par l’ignorantisme et l’égoïsme des entrepreneurs d’industrie, que nous devons la création de presque tous les arts industriels dont nous bénéficions aujourd’hui.




Mais la Commune du moyen âge devait périr. Deux ennemis l’attaquaient en même temps : celui du dedans, celui du dehors.

Le commerce, les guerres, la domination égoïste sur les campagnes, travaillaient à accroître l’inégalité au sein de la Commune, à déposséder les uns, à enrichir les autres. Pendant quelque temps, la corporation empêcha le développement du prolétariat au sein de la cité, mais bientôt elle succomba dans une lutte inégale. Le commerce soutenu par le pillage, les guerres continuelles dont l’histoire de l’époque est remplie, enrichissaient les uns appauvrissaient les autres ; la bourgeoisie naissante travaillait à fomenter la discorde, à exagérer les inégalités de fortune. La cité se divisa en riches et pauvres, en « blancs » et « noirs » ; la lutte des classes fit son apparition et avec elle l’État au sein de la commune. À mesure que les pauvres s’appauvrissaient, asservis de plus en plus aux riches par l’usure, la représentation municipale, le gouverne-