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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/218

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Bientôt, voyant le gaspillage de leurs subsides à la cour royale, les représentants des Communes cherchent à y mettre de l’ordre. Ils s’imposent à la royauté en administrateurs de la caisse nationale ; et en Angleterre, appuyés par l’aristocratie, ils réussissent à se faire accepter comme tels. En France, après le désastre de Poitiers, ils étaient bien près de s’arroger les mêmes droits ; mais Paris soulevé par Étienne Marcel est réduit au silence, en même temps que la Jacquerie, et la royauté sort de la lutte avec une force nouvelle.

Depuis lors, tout contribue à l’affermissement de la royauté, à la centralisation des pouvoirs sous la main du roi. Les subsides se transforment en impôt et la bourgeoisie s’empresse de mettre au service du roi son esprit d’ordre et d’administration. La décadence des Communes qui succombent l’une après l’autre devant le roi ; la faiblesse des paysans réduits de plus en plus au servage — économique sinon personnel ; les théories de droit romain exhumées par les juristes ; les guerres continuelles — source permanente d’autorité ; — tout favorise la consolidation du pouvoir royal. Héritier de l’organisation communale, il s’en empare pour s’ingérer de plus en plus dans la vie de ses sujets — si bien que sous Louis XIV il peut s’écrier : « l’État c’est moi ! »

Depuis lors c’est la décadence, l’avilissement de l’autorité royale, tombant entre les mains des courtisanes, cherchant à se relever sous Louis XVI par les mesures libérales du commencement du règne, mais succombant bientôt sous le poids de ses méfaits.