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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/236

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« Paye la dîme au prêtre ! » s’empresse-t-il d’ajouter. « Ne vole pas ! » dit le Code et aussitôt après : « Celui qui ne paiera pas l’impôt aura le bras coupé. »

Voilà la Loi, et ce double caractère, elle l’a conservé jusqu’aujourd’hui. Son origine, — c’est le désir des dominateurs d’immobiliser les coutumes qu’ils avaient eux-mêmes imposées à leur avantage. Son caractère, c’est le mélange habile des coutumes utiles à la société, — coutumes qui n’ont pas besoin de loi pour être respectées, — avec ces autres coutumes qui ne présentent d’avantages que pour les dominateurs, qui sont nuisibles aux masses et ne sont maintenues que par la crainte des supplices.

Pas plus que le capital individuel, né de la fraude et de la violence et développé sous les auspices de l’autorité, la Loi n’a aucun titre au respect des hommes. Née de la violence et de la superstition, établie dans l’intérêt du prêtre, du conquérant et du riche exploiteur, elle devra être abolie en entier le jour où le peuple voudra briser ses chaînes.

Nous nous en convaincrons encore mieux, en analysant, dans le chapitre suivant, le développement ultérieur de la Loi sous les auspices de la religion, de l’autorité et du régime parlementaire actuel.


III


Nous avons vu comment la Loi est née des coutumes et usages établis, et comment elle représentait dès le