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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/240

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Plus tard ces lois rassemblées par les légistes et classifiées, servent de fondement à nos codes modernes. Et on parlera encore de respecter ces codes, — héritage du prêtre et du baron ?




La première révolution, la révolution des Communes, ne réussit à abolir qu’une partie de ces lois ; car les chartes des communes affranchies ne sont pour la plupart qu’un compromis entre la législation seigneuriale ou épiscopale et les nouvelles relations, créées au sein de la Commune libre. Et cependant, quelle différence entre ces lois et nos lois actuelles ! La Commune ne se permet pas d’emprisonner et de guillotiner les citoyens pour une raison d’État : elle se borne à expulser celui qui a comploté avec les ennemis de la Commune, et à raser sa maison. Pour la plupart des prétendus « crimes et délits », elle se borne à imposer des amendes ; on voit même, dans les Communes du douzième siècle, ce principe si juste, mais oublié aujourd’hui, que c’est toute la Commune qui répond pour les méfaits commis par chacun de ses membres. Les sociétés d’alors, considérant le crime comme un accident, ou comme un malheur — c’est encore jusqu’à présent la conception du paysan russe — et n’admettant pas le principe de vengeance personnelle, prêchée par la Bible, comprenaient que la faute pour chaque méfait retombe sur la société entière. Il a fallu toute l’influence de l’Église byzantine, qui importait en Occident la cruauté raffinée des despotes de l’Orient, pour introduire dans les mœurs des Gaulois et des Germains la peine de