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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/242

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C’est à la grande révolution que revient l’honneur d’avoir commencé la démolition de cet échafaudage de lois qui nous a été légué par la féodalité et la royauté. Mais, après avoir démoli quelques parties du vieil édifice, la Révolution remit le pouvoir de légiférer entre les mains de la bourgeoisie qui, à son tour, commença d’élever tout un nouvel échafaudage de lois destinées à maintenir et à perpétuer sa domination sur les masses. Dans ses parlements elle légifère à perte de vue, et des montagnes de paperasses s’accumulent avec une rapidité effroyable. Mais que sont au fond toutes ces lois ?

La plus grande partie n’a qu’un but : celui de protéger la propriété individuelle, c’est-à-dire les richesses acquises au moyen de l’exploitation de l’homme par l’homme, d’ouvrir de nouveaux champs d’exploitation au capital, de sanctionner les nouvelles formes que l’exploitation revêt sans cesse à mesure que le Capital accapare de nouvelles branches de la vie humaine : chemins de fer, télégraphes, lumière électrique, industrie chimique, expression de la pensée humaine par la littérature et la science, etc. Le reste des lois, au fond, a toujours le même but, c’est-à-dire le maintien de la machine gouvernementale qui sert à assurer au capital l’exploitation et l’accaparement des richesses produites. Magistrature, police, armée, instruction publique, finances, — tout sert le même dieu : le Capital ; tout cela n’a qu’un but : celui de protéger et de faciliter l’exploitation du travailleur par le capitaliste. Analysez toutes les lois faites depuis quatre-vingts ans, — vous n’y trouverez pas autre chose. La protection des personnes que l’on veut représenter comme la vraie mis-