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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/260

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de la nation, de la Commune, pouvait s’entendre, avant le mouvement, sur ce qu’il y aurait à faire dès que le gouvernement serait renversé ! Si ce rêve des utopistes de cabinet pouvait être réalisé, nous n’aurions même jamais eu de révolutions sanglantes : la volonté du gros de la nation étant exprimée, le reste s’y serait soumis de bonne grâce. Mais ce n’est pas ainsi que se passent les choses. La révolution éclate bien avant qu’une entente générale ait pu s’établir, et ceux qui ont une idée nette de ce qu’il y aurait à faire au lendemain du mouvement ne sont à ce moment-là qu’une petite minorité. La grande masse du peuple n’a encore qu’une idée générale du but qu’elle voudrait voir réaliser, sans trop savoir comment marcher vers ce but, sans trop avoir de confiance dans la marche à suivre. La solution pratique ne se trouvera, ne se précisera que lorsque le changement aura déjà commencé : elle sera le produit de la révolution elle-même, du peuple en action, — ou bien elle ne sera rien, le cerveau de quelques individus étant absolument incapable de trouver ces solutions qui ne peuvent naître que de la vie populaire.




C’est cette situation qui se reflète dans le corps élu par le suffrage, lors même qu’il n’aurait pas tous les vices inhérents aux gouvernements représentatifs en général. Les quelques hommes qui représentent l’idée révolutionnaire de l’époque se trouvent noyés parmi les représentants des écoles révolutionnaires du passé ou de l’ordre de choses existant. Ces hommes, qui seraient si nécessaires au milieu du peuple, et précisé-