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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/282

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mentale, au moyen de laquelle nous améliorerons plus tard, peu à peu, le sort des ouvriers. Préparons, pour la prochaine révolution, non pas la conquête des usines, mais la conquête des municipalités. »

Comme si la bourgeoisie, restant détenteur du capital, pouvait leur laisser faire des expériences de socialisme, lors même qu’ils réussiraient à s’emparer du pouvoir ! Comme si la conquête des municipalités était possible sans la conquête des usines !




Les conséquences de cette volte-face se font déjà sentir.

Maintenant, lorsque vous avez affaire à un de ces nouveaux socialistes, vous ne savez plus si c’est à un monsieur semblable au colonel de gendarmerie russe que vous parlez, ou à un socialiste pour tout de bon. Puisqu’il suffit d’admettre qu’un jour — dans mille ans, peut-être — la propriété pourra devenir collective, et qu’en attendant il faut voter pour quelqu’un qui demandera à la Chambre de réduire les heures de travail, — la différence entre le socialisme dudit colonel de gendarmerie et celle du néo-socialiste devient imperceptible : Tous socialistes ! L’ouvrier qui n’a pas le temps de suivre une trentaine de journaux à la fois, ne saura plus où sont ses alliés et où sont ses ennemis, les socialistes et les escamoteurs de l’idée socialiste. Et, le jour de la Révolution venu, il devra subir de rudes épreuves et de terribles saignées, avant qu’il ait reconnu amis et ennemis.