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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/298

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l’aura propagé activement par la parole et la plume. Mais il n’a pas suffisamment affirmé ses aspirations au grand jour, dans la rue, par des actes qui soient la réalisation de la pensée qui lui est propre ; il a peu agi, ou bien, il n’a pas agi contre ceux qui sont ses principaux ennemis, il n’a pas frappé les institutions qu’il vise à démolir ; il a eu la puissance théorique, mais il n’a pas eu la puissance d’action  ; il a peu contribué à réveiller l’esprit de révolte, ou il a négligé de le diriger contre ce qu’il cherchera surtout à frapper lors de la révolution. Eh bien, ce parti est moins connu ; ses affirmations n’ayant pas été affirmées continuellement, chaque jour, par des actes dont le retentissement atteint les cabanes les plus isolées, ne se sont pas suffisamment infiltrées dans la masse du peuple ; elles n’ont pas passé par le creuset de la foule et de la rue et n’ont pas trouvé leur énoncé simple, qui se résume en un seul mot devenu populaire.

Les écrivains les plus zélés du parti sont connus par leurs lecteurs pour des penseurs de mérite, mais ils n’ont ni la réputation, ni les capacités de l’homme d’action, et le jour où la foule descendra dans la rue, elle suivra plutôt les conseils de ceux qui ont, peut-être, des idées théoriques moins nettes et des aspirations moins larges, mais qu’elle connaît mieux parce qu’elle les a vu agir.

Le parti qui a le plus fait d’agitation révolutionnaire, qui a le plus manifesté de vie et d’audace, ce parti sera plus écouté le jour où il faudra agir, où il faudra marcher de l’avant pour accomplir la révolution. Mais celui qui n’a pas eu l’audace de s’affirmer par des actes révolutionnaires dans la période préparatoire, celui qui n’a pas eu une force d’impulsion