Aller au contenu

Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/310

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

soulèvement général de la masse populaire, — paysans et ouvriers, contre les classes privilégiées ? La Révolution eût-elle duré quatre ans ? eût-elle remué la France jusqu’aux entrailles ? eût-elle trouvé ce souffle invincible qui lui a donné la force de résister aux « rois conjurés ? »

Certainement non ! Que les historiens chantent tant qu’ils voudront les gloires des « messieurs du Tiers », de la Constituante ou de la Convention, — nous savons ce qu’il en est. Nous savons que la Révolution n’eût abouti qu’à une limitation microscopiquement constitutionnelle du pouvoir royal, sans toucher au régime féodal, si la France paysanne ne se fût soulevée et n’eût maintenu, — quatre années durant, l’anarchie, — l’action révolutionnaire spontanée des groupes et des individus, affranchis de toute tutelle gouvernementale. Nous savons que le paysan serait resté la bête de somme du seigneur, si la jacquerie n’eût sévi depuis 1788 jusqu’à 1793, — jusqu’à l’époque où la Convention fut forcée de consacrer par une loi ce que les paysans venaient d’accomplir en fait : l’abolition sans rachat de toutes les redevances féodales et la restitution aux Communes des biens qui leur avaient été jadis volés par les riches sous l’ancien régime. Vainement on eût attendu la justice des Assemblées, si les va-nu-pieds et les sans-culottes n’avaient jeté dans la bascule parlementaire le poids de leurs gourdins et de leurs piques !




Mais ce n’est ni par l’agitation dirigée contre les ministres, ni par l’affichage dans Paris des placards dirigés