Aller au contenu

Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/332

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des entraves, des maîtrises et jurandes ! Tous ces prodiges sont dus à la propriété individuelle ! »

Il est vrai qu’après avoir fait ce tableau, les économistes n’en concluent pas : « La terre à qui la cultive ! » mais ils s’empressent d’en déduire : « La terre au seigneur qui la fera cultiver par des salariés ! » Tout de même il paraît qu’il y a nombre de bonnes gens qui se laissent prendre par ces raisonnements et les répètent sans y mettre plus de réflexion. Quant à nous, « utopistes », — précisément parce que nous sommes des « utopistes », — nous cherchons à approfondir, à analyser, et voici ce que nous trouvons.

Par rapport au sol, nous constatons aussi que la culture se fait beaucoup mieux dès que le paysan devient propriétaire du champ qu’il cultive. Mais à qui messieurs les économistes comparent-ils le petit propriétaire foncier ? — Est-ce au cultivateur communiste ? Est-ce, par exemple, à l’une de ces communautés de doukhobortsi (défenseurs de l’esprit) qui, arrivant sur les rives de l’Amour, mettent en commun leur bétail et le travail de leurs jeunes gens, font passer la charrue attelée de quatre, cinq paires de bœufs sur les broussailles de chêne, bâtissent tous ensemble leurs maisons et se trouvent, dès la première année, riches et prospères, tandis que l’émigrant individuel et isolé qui avait essayé de défricher un bas-fond marécageux, mendie à l’État quelques kilos de farine ? Est-ce à une de ces communautés américaines dont nous parle Nordhof, qui, après avoir donné à tous les communeux nourriture, vêtement et logement, allouent aujourd’hui une somme de cent dollars par tête, pour permettre à chacun et à chacune de ses membres d’acheter l’ins-