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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/4

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PRÉFACE

semaines et les mois pendant lesquels cette voix honnête et fière entre toutes ne sera point entendue. En échange, que de banalités nous seront ressassées, que de paroles mensongères viendront nous blesser, que de demi-vérités intéressées bourdonneront à nos oreilles ! Il nous tarde d’entendre un de ces langages sincères et sans réticence qui proclament hardiment le droit.

Mais si le prisonnier de Clairvaux n’a plus la liberté de s’entretenir du fond de sa cellule avec ses compagnons, du moins ceux-ci peuvent-ils se souvenir de leur ami, et recueillir les paroles qu’il prononça jadis. C’est là un devoir qu’il m’est possible de remplir et je m’y consacre avec bonheur. Les articles que Kropotkine écrivit, de 1870 à 1882, dans le journal « anarchiste » le Révolté, m’ont paru de nature à être publiés en volume, d’autant mieux qu’ils ne se sont pas succédés au hasard des événements, mais qu’ils se suivent dans un ordre logique. La véhémence de la pensée leur a donné l’unité nécessaire. Fidèle à la méthode scientifique, l’auteur expose d’abord la situation générale de la société, avec ses hontes, ses vices, ses éléments de discorde et de guerre ; il étudie les phénomènes de décrépitude que présentent les États et nous montre les lézardes qui s’ouvrent, les ruines qui s’accumulent. Puis il développe les faits d’expérience que l’histoire