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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/63

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une prison, lorsque vous savez qu’il est plus malade que criminel, et qu’en tout cas c’est sur la société entière que retombe son crime ?

Demanderez-vous qu’on jette dans les cachots ces tisserands qui, dans un moment d’exaspération ont mis le feu à la fabrique ? Qu’on envoie aux pontons cet homme qui a tiré sur un assassin couronné ? qu’on fusille ce peuple insurgé qui plante sur les barricades le drapeau de l’avenir ?

— Non, mille fois non !

Si vous raisonnez, au lieu de répéter ce qu’on vous a enseigné ; si vous analysez et dégagez la loi de ces nuages de fictions dont on l’a entourée pour voiler son origine, qui est le désir du plus fort, et sa substance, qui a toujours été la consécration de toutes les oppressions léguées à l’humanité par sa sanglante histoire, — vous aurez un mépris suprême de cette loi. Vous comprendrez que rester serviteur de la loi écrite, c’est se mettre chaque jour en opposition avec la loi de la conscience et marchander avec elle ; et, comme cette lutte ne peut durer, vous romprez avec la tradition et viendrez travailler avec nous à l’abolition de toutes les injustices : économiques, politique, sociales.

Mais alors vous serez socialiste, vous serez révolutionnaire.




Et vous, jeune ingénieur, qui rêvez d’améliorer, par les applications de la science à l’industrie, le sort des travailleurs, — quel triste désenchantement, que de déboires vous attendent ! Vous donnez l’énergie juvé-