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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/67

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très honnête père, mais en somme, un peu fou ; que la poésie est une chose excellente au coin du feu, surtout lorsqu’on a enseigné pendant toute une journée la règle des intérêts composés, mais qu’après tout messieurs les poètes planent toujours dans les nuages et que leurs vers n’ont rien à faire, ni avec la vie, ni avec la prochaine visite de M. l’inspecteur…

Ou bien, vos rêves de jeunesse deviendront la ferme conviction de l’homme mûr. Vous voudrez l’instruction large, humanitaire, pour tous, à l’école et en dehors de l’école, et voyant qu’elle est impossible dans les conditions actuelles, vous vous attaquerez aux bases mêmes de la société bourgeoise. Alors, mis en disponibilité par le ministère, vous quitterez l’école et vous viendrez parmi nous, avec nous, dire aux hommes âgés, mais moins instruits que vous, ce que le savoir a d’attrayant, ce que l’humanité doit être, ce qu’elle peut être. Vous viendrez travailler avec les socialistes à la transformation complète du régime actuel, dans le sens de l’égalité, de la solidarité, de la liberté.




Enfin vous, jeune artiste, sculpteur, peintre, poète, musicien, ne remarquez-vous pas que le feu sacré qui avait inspiré tel de vos prédécesseurs, vous manque aujourd’hui, à vous et aux vôtres ? que l’art est banal, que la médiocrité règne ?

Et pourrait-il en être autrement ? La joie d’avoir retrouvé le monde antique, de s’être retrempé aux sources de la nature, qui fit les chefs-d’œuvre de la Renaissance, n’existe plus pour l’art contemporain ;