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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/97

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Que nos groupes anarchistes ne soient qu’une petite minorité en comparaison des dizaines de millions qui peuplent la France, l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne, — rien de plus vrai. Tous les groupes représentant une idée nouvelle ont toujours commencé par n’être qu’une minorité. Et il est fort probable que comme organisation, nous resterons minorité jusqu’au jour de la révolution. Mais, est-ce un argument contre nous ? — En ce moment, ce sont les opportunistes qui sont la majorité : devrions-nous, par hasard, devenir aussi opportunistes ? Jusqu’en 1790, c’étaient les royalistes, les constitutionnalistes qui faisaient majorité : les républicains de l’époque devaient-ils, pour cela, renoncer à leurs idées républicaines et se faire aussi royalistes, lorsque la France marchait à grands pas vers l’abolition de la royauté ?

Peu importe que, comme nombre, nous soyons minorité, la question n’est pas là ! Ce qui importe, c’est de savoir si les idées du communisme anarchiste sont conformes à l’évolution qui se produit en ce moment dans l’esprit humain, et surtout dans les peuples de race latine ? — Mais, à ce sujet, il ne peut pas y avoir de doute. L’évolution ne se produit pas dans le sens de l’autoritarisme ; elle se produit dans le sens de la liberté la plus complète de l’individu, du groupe producteur et consommateur, de la commune, du groupement, de la fédération libre. L’évolution se produit, non pas dans le sens de l’individualisme propriétaire, mais dans le sens de la production et de la consommation en commun. Dans les grandes villes, le communisme n’effraye plus personne, dès qu’il s’agit, bien entendu, du communisme anarchiste. Dans les villages, l’évolution se