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Page:Kropotkine - L Entraide un facteur de l evolution, traduction Breal, Hachette 1906.djvu/151

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successions de siècles vers l’Ouest ou vers l’Est à la recherche de nouvelles demeures plus ou moins permanentes. Les races se mêlaient à d’autres races durant ces migrations, les aborigènes avec les immigrants, les Aryens avec les Oural-Altaïens ; et il n’y eût eu rien d’étonnant si les institutions sociales qui les avaient tenus unis dans leurs contrées d’origine avaient complètement disparu durant les stratifications de races qui se produisirent en Europe et en Asie. Mais tel ne fut pas le cas. Ces institutions subirent seulement les modifications requises par les nouvelles conditions d’existence.

Quand les Teutons, les Celtes, les Scandinaves, les Slaves et d’autres entrèrent pour la première fois en contact avec les Romains, ils étaient dans un état d’organisation sociale transitoire. Les unions par clans basées sur une origine commune, supposée ou réelle les avaient maintenus unis pendant plusieurs milliers d’années. Mais ces unions ne répondaient à leur but que tant qu’il n’y avait pas de familles séparées dans le sein de la gens ou du clan. Cependant, pour des causes que nous avons déjà mentionnées, la famille patriarcale séparée se développait déjà, lentement mais sûrement, à l’intérieur du clan ; et à la longue cela signifiait évidemment l’accumulation individuelle de richesse et du pouvoir, et leur transmission héréditaire. Les fréquentes migrations de barbares et les guerres qui en étaient la conséquence ne firent que hâter la division des gentes en familles séparées, tandis que la dispersion des diverses peuplades et leurs mélange avec des étrangers offraient de nouvelles facilités pour l’ultime désintégration des unions, basées jusqu’alors sur la communauté d’origine. Les barbares étaient ainsi dans l’alternative, ou bien de voir leurs clans dissous en groupes épars de familles, parmi