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Page:Kropotkine - L Entraide un facteur de l evolution, traduction Breal, Hachette 1906.djvu/169

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amis, et « réparer les torts » sont les plus hauts devoirs de l’homme ; « le mal est la mort, le bien est la vie », s’écrie le poète législateur[1]. « Le monde serait folie si les conventions faites des lèvres ne devaient pas être respectées », — dit la loi de Brehon. Et l’humble shamaniste Mordovien, après avoir loué les mêmes qualités, ajoutera encore dans ses principes de droit coutumier, que « entre voisins la vache et l’écuelle à lait sont communes » ; que « la vache doit être traite pour vous et pour celui qui peut avoir besoin de lait » ; que « le corps d’un enfant rougit sous les coups, mais que la figure de celui qui frappe rougit sous la honte[2] » et ainsi de suite. Bien des pages pourraient être remplies de principes semblables, exprimés et suivis par les « barbares ».

Un trait encore des anciennes communes villageoises mérite une mention spéciale. C’est l’extension graduelle des liens de solidarité à des agglomérations toujours plus nombreuses. Non seulement les tribus se fédéraient en peuplades, mais les peuplades aussi, quoique d’origine différente, se réunissaient en confédérations. Certaines unions étaient si intimes que, chez les Vandales, par exemple, une partie de leur confédération s’étant séparée pour aller vers le Rhin, et de là en Espagne et en Afrique, ceux qui étaient restés respectèrent, pendant quarante années consécutives, les divisions de la terre et les villages abandonnés de leurs anciens confédérés, et n’en prirent pas possession jusqu’à ce qu’ils aient été assurés par des envoyés que leurs confédérés n’avaient plus l’intention de revenir. Chez d’autres barbares, le sol était cultivé

  1. Das alte Wallis, pp, 343-350.
  2. Mamoff, « Esquisse des pratiques Judiciaires des Mordoviens, dans les Zapiski ethnographiques de la Société géographique russe, 1885, pp. 236, 237.