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Page:Kropotkine - L Entraide un facteur de l evolution, traduction Breal, Hachette 1906.djvu/201

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gneurs, et lentement préparèrent la future organisation de la cité ; mais, malheureusement, c’est une période sur laquelle les renseignements historiques sont particulièrement rares : nous connaissons les résultats, mais nous savons peu touchant les moyens par lesquels ils furent obtenus. A l’abri de leurs murs, les assemblées populaires des cités — soit complètement indépendantes, soit conduites par les principales familles nobles ou marchandes — conquirent et conservèrent le droit d’élire le défenseur militaire de la ville et le suprême magistrat, ou au moins de choisir entre ceux qui prétendaient occuper cette position. En Italie, les jeunes communes renvoyaient continuellement leurs défenseurs ou domini, combattant ceux qui refusaient de s’en aller. La même chose se passait dans l’Est. En Bohême, les riches et les pauvres à la fois (Bohemicæ gentis magni et parvi, nobiles et ignobiles) prenaient part à l’élection[1] ; tandis que les viétchés (assemblées du peuple) des cités russes élisaient régulièrement leurs ducs — choisis toujours dans la famille des Rurik, — faisaient leurs conventions avec eux et renvoyaient leur kniaz s’ils en étaient mécontents[2]. A la même époque, dans la plupart des cités de l’Ouest et du Sud de l’Europe, la tendance était de prendre pour défenseur un évêque élu par la cité elle-même ; et tant d’évêques se

  1. M. Kovalevsky, Modern Customs and Ancient Laws of Russia, (Ilchester Lectures, London, 1891, lecture 4).
  2. Il a fallu beaucoup de recherches avant de pouvoir établir ce caractère de la période qu’on a nommée la période oudielnyi ; ces recherches se trouvent dans les ouvrages de Biélaïeff (Récits tirés de l’histoire russe), Kostomaroff (Les Commencements de l’autocratie en Russie) et particulièrement dans celui du professeur Serghievitch (Le Viétché et le Prince). On trouvera des indications sur cette période en anglais, dans l’ouvrage de M. Kovalevsky, que nous venons de citer ; en français dans l’Histoire de la Russie de Rambaud ; ainsi qu’un court résumé dans l’article « Russie » de la dernière édition de la Chambers’s Encyclopædia