Aller au contenu

Page:Kropotkine - L Entraide un facteur de l evolution, traduction Breal, Hachette 1906.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de leurs murailles[1]. Déjà à cette époque les cités commerciales d’Italie, et en particulier Amalfi (qui élisait ses consuls depuis 844, et changeait fréquemment ses doges au Xe siècle)[2] créaient la loi coutumière maritime et commerciale qui devint plus tard un modèle pour toute l’Europe ; Ravenne élabora son organisation des métiers, et Milan, qui avait fait sa première révolution en 980, devint un grand centre de commerce, ses métiers jouissant d’une complète indépendance depuis le XIe siècle[3]. De même pour Bruges et Gand ; de même aussi pour plusieurs cités de France dans lesquelles le Mahl ou Forum était devenu une institution tout-à-fait indépendante[4]. Dès cette période commença l’œuvre de décoration artistique des villes par les monuments que nous admirons encore et qui témoignent hautement du mouvement intellectuel de ce temps. « Les basiliques furent alors renouvelées dans presque tout l’univers », écrit Raoul Glaber dans sa chronique, et quelques-uns des plus beaux monuments de l’architecture du moyen âge datent de cette période : la merveilleuse vieille église de Brême fut bâtie au IXe siècle, Saint-Marc de Venise

  1. A. Luchaire, Les communes françaises ; aussi Kluckohn Geschichte des Gottesfrieden, 1857. L. Sémichon (La paix et la trêve de Dieu, 2 vol., Paris, 1869) a essayé de représenter le mouvement communal comme issu de cette institution. En réalité, la trêve de Dieu, de même que la ligue formée sous Louis le Gros dans un but de protection à la fois contre les brigandages des nobles et contre les invasions normandes, fut un mouvement absolument populaire. Le seul historien qui mentionne cette dernière ligue — Vitalis — la décrit comme une « commune populaire » (« Considérations sur l’histoire de France » dans le vol. IV des œuvres d’Augustin Thierry, Paris, 1868, p. 191 et note).
  2. Ferrari, I, 152, 263, etc.
  3. Perrens, Histoire de Florence, I, 188 ; Ferrari, loc. cit., I, 283
  4. Augustin Thierry, Essai sur l’histoire du Tiers-État, Paris, 1875, p. 414, note.