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Page:Kropotkine - L Entraide un facteur de l evolution, traduction Breal, Hachette 1906.djvu/222

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la preuve directe que tel était le cas à Novgorod et à Pskov. C’était « le Souverain Novgorod » et « le Souverain Pskov » qui envoyaient leurs caravanes de marchands vers les pays lointains.

Nous savons aussi que dans presque toutes les cités du moyen âge du Centre et de l’Ouest de l’Europe, les guildes de métiers avaient l’habitude d’acheter en commun toutes les matières premières nécessaires, et de faire vendre le produit de leur travail par leurs commis. Il est probable que la même chose avait lieu pour le commerce extérieur — d’autant plus que, jusqu’au XIIIe siècle, non seulement les marchands d’une même cité étaient considérés au dehors comme responsables en corps des dettes contractées par l’un d’eux, mais la cité entière était responsable des dettes de chacun de ses marchands. Ce n’est qu’aux XIIe et XIIIe siècles que les villes du Rhin abolirent cette responsabilité[1] par des traités spéciaux. Enfin nous avons le remarquable document d’Ipswich publié par M. Gross, où nous apprenons que la guilde des marchands de cette ville était constituée par tous ceux qui avaient la franchise de la ville, et qui payaient leur contribution (« leur hanse ») à la guilde, la commune entière discutant les mesures à prendre pour le bien de la guilde des marchands et lui assignant certains privilèges. La guilde marchande d’Ipswich semble ainsi avoir été plutôt un corps de commis de la ville qu’une guilde privée ordinaire.

En résumé, mieux nous connaissons la cité du moyen âge, plus nous voyons qu’elle n’était pas une simple organisation politique pour la défense de certaines libertés politiques. C’était une tentative,

  1. Ennen, Geschichte der Stadt Köln, 1, 491, 492, ainsi que les textes.