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Page:Kropotkine - La Commune, la Commune de Paris, La Brochure mensuelle, n° 180, déc. 1937.djvu/17

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ne se jette pas dans l’inconnu, sans s’appuyer sur une idée certaine et nettement formulée qui lui serve de tremplin, pour ainsi dire, à son point de départ.

Ce point de départ c’est la vie elle-même qui se chargea de l’indiquer.

Cinq mois durant, Paris, isolé par le siège, avait vécu de sa vie propre et il avait appris à connaître les immenses ressources économiques, intellectuelles et morales dont il dispose il avait entrevu et compris sa force d’initiative. En même temps, il avait vu que la bande de bavards qui s’était emparée du pouvoir ne savait rien organiser ni la défense de la France, ni le développement à l’intérieur. Il avait vu ce gouvernement central se mettre au travers de tout ce que l’intelligence d’une grande cité pouvait faire éclore. Il avait compris plus que cela : l’impuissance d’un gouvernement, quel qu’il soit, de parer aux grands désastres, de faciliter l’évolution prête à s’accomplir. Il avait subi pendant le siège une misère affreuse, la misère des travailleurs et des défenseurs de la ville, à côté du luxe insolent des fainéants, et il avait vu échouer, grâce au pouvoir central, toutes ses tentatives pour mettre fin à ce régime scandaleux. Chaque fois que le peuple voulait prendre un libre essor, le gouvernement venait alourdir les chaînes, attacher son boulet, et l’idée naquit tout naturellement que Paris devait se constituer en Commune indépendante, pouvant réaliser dans ses murs ce que lui dicterait la pensée du peuple !

Ce mot : LA COMMUNE, s’échappa alors de toutes les bouches.

La Commune de 1871 ne pouvait être qu’une première ébauche. Née à l’issue d’une guerre, cernée par