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Page:Kropotkine - La Commune, la Commune de Paris, La Brochure mensuelle, n° 180, déc. 1937.djvu/3

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de science cosmopolite et de recherche de la vérité pure, la Commune aurait une organisation si différente de celle qu’elle a eue au douzième siècle, que nous serions en présence d’un fait absolument nouveau, placé dans des conditions nouvelles et qui nécessairement amènerait des conséquences absolument différentes ?

En outre, nos adversaires, les défenseurs de l’État, sous ses formes diverses, devraient bien se souvenir que nous pouvons leur faire une objection absolument semblable à la leur.

Nous aussi, nous pouvons leur dire, et à plus forte raison, que ce sont eux qui ont leur regard tourné vers le passé, puisque l’État est une forme tout aussi ancienne que la Commune. Seulement il y a cette différence : tandis que l’État nous représente dans l’histoire la négation de toute liberté, l’absolutisme et l’arbitraire, la ruine de ses sujets, l’échafaud et la torture, c’est précisément dans l’affranchissement des Communes et dans les soulèvements des peuples et des Communes contre les États que nous retrouvons les plus belles pages de l’histoire. Certes, en nous transportant vers le passé, ce ne sera pas vers un Louis xi, vers un Louis xv, ou vers Catherine ii que nous porterons nos regards : ce sera plutôt sur les communes ou républiques d’Amalfi et de Florence, vers celles de Toulouse et de Laon, vers Liège et Courtray, Augsbourg et Nuremberg, vers Pskov et Novgorod.

Il ne s’agit donc pas de se payer de mots et de sophismes : il importe d’étudier, d’analyser de près et de ne pas imiter M. de Laveleye et ses élèves zélés qui se bornent à nous dire : « Mais la commune, c’est le moyen âge ! En conséquence elle est condamnée. » — « L’État, c’est tout un passé de méfaits, répondrions-nous ; donc, il est condamné à plus forte raison ! »