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II

Nous avouons franchement que lorsque nous songeons aux abîmes de misère et de souffrances qui nous entourent ; lorsque nous entendons les refrains déchirants d’ouvriers qui parcourent les rues en demandant du travail, — il nous répugne de discuter cette question : comment fera-t-on, dans une société où tout le monde aura mangé à sa faim, pour satisfaire telle personne désireuse de posséder une porcelaine de Sèvres ou un habit de velours ?

Pour toute réponse, nous sommes tentés de dire : assurons le pain d’abord. Quant à la porcelaine et au velours, on verra plus tard !

Mais puisqu’il faut bien reconnaître qu’en dehors des aliments, l’homme a d’autres besoins ; et puisque la force de l’Anarchie est précisément dans ce qu’elle comprend toutes les facultés humaines et toutes les passions, et n’en ignore aucune, nous allons dire en peu de mots comment on pourrait s’arranger pour satisfaire aux besoins intellectuels et artistiques de l’homme.

En travaillant cinq ou quatre heures par jour jusqu’à l’âge de 45 à 50 ans, avons-nous dit, l’homme pourrait aisément produire tout ce qui est nécessaire pour garantir l’aisance à la société.

Mais la journée de l’homme habitué au travail et s’attelant à une machine n’est pas de cinq heures ;