Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/252

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la physiologie des plantes ou des animaux qui, elle aussi, est l’étude des besoins de la plante ou de l’animal, et des moyens les plus avantageux de les satisfaire. Dans la série des sciences sociologiques, l’économie des sociétés humaines vient prendre la place occupée dans la série des sciences biologiques par la physiologie des êtres organisés.


Nous disons : « Voici des êtres humains, réunis en société. Tous sentent le besoin d’habiter des maisons salubres. La cabane du sauvage ne les satisfait plus. Ils demandent un abri solide, plus ou moins confortable. — Il s’agit de savoir si, étant donnée la productivité du travail humain, ils pourront avoir chacun sa maison, et ce qui les empêcherait de l’avoir ? »

Et nous voyons tout de suite que chaque famille en Europe pourrait parfaitement avoir une maison confortable, comme on en bâtit en Angleterre et en Belgique ou à la cité Pulman, ou bien un appartement correspondant. Un certain nombre de journées de travail suffiraient pour procurer à une famille de sept à huit personnes une jolie maisonnette aérée, bien aménagée et éclairée au gaz.

Mais les neuf dixièmes des Européens n’ont jamais possédé une maison salubre, parce que de tout temps, l’homme du peuple a dû travailler au jour le jour, presque continuellement à satisfaire les besoins de ses gouvernants, et n’a jamais eu l’avance nécessaire, en temps et en argent, pour bâtir ou faire bâtir la maison de ses rêves. Et il n’aura pas de maison, et habitera un taudis, tant que les conditions actuelles n’auront pas changé.

Nous procédons, on le voit, tout au contraire des