Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/276

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fin, nombre de capacités industrielles et techniques restent sans emploi.

Tout se tient aujourd’hui dans le monde de la production. La culture de la terre n’est plus possible sans machines, sans puissants arrosages, sans chemins de fer, sans manufactures d’engrais. Et pour avoir ces machines appropriées aux conditions locales, ces chemins de fer, ces engins d’arrosage, etc. etc., il faut qu’il se développe un certain esprit d’invention, une certaine habileté technique qui ne peuvent même pas se faire jour tant que la bêche ou le soc restent les seuls instruments de culture.

Pour que le champ soit bien cultivé, pour qu’il donne les récoltes prodigieuses que l’homme a le droit de lui demander, il faut que l’usine et la manufacture, — beaucoup d’usines et de manufactures, — fument à sa portée.

La variété des occupations, la variété des capacités qui en surgissent, intégrées en vue d’un but commun, — voilà la vraie force du progrès.


Et maintenant, imaginons une cité, un territoire, vaste ou exigu — peu importe — faisant ses premiers pas dans la voie de la Révolution sociale.

« Rien ne sera changé » — nous a-t-on dit quelquefois. — « On expropriera les ateliers, les usines, on les proclamera propriété nationale ou communale ; — et chacun retournera à son travail habituel. La Révolution sera faite ».

Eh bien, non ; la Révolution sociale ne se fera pas avec cette simplicité.

Nous l’avons déjà dit : Que demain la Révolution éclate à Paris, à Lyon, ou dans toute autre cité ; que demain on mette la main, à Paris ou n’importe où,