Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/279

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dans les esprits, plus encore que dans les institutions.

Et on nous parle de rentrer à l’atelier, comme s’il s’agissait de rentrer chez soi après une promenade dans la forêt de Fontainebleau !


Le seul fait d’avoir touché à la propriété bourgeoise implique déjà la nécessité de réorganiser de fond en comble toute la vie économique, à l’atelier, au chantier, à l’usine.

Et la Révolution le fera. Que Paris en Révolution sociale se trouve seulement pendant un an ou deux isolé du monde entier par les suppôts de l’ordre bourgeois ! Et ces millions d’intelligences, que la grande usine n’a heureusement pas encore abruties, — cette ville des petits métiers qui stimulent l’esprit inventif, — montreront au monde ce que peut le cerveau de l’homme sans rien demander à l’univers que la force motrice du soleil qui l’éclaire, du vent qui balaie nos impuretés, et des forces à l’œuvre dans le sol que nous foulons de nos pieds.

On verra ce que l’entassement sur un point du globe de cette immense variété de métiers se complétant mutuellement, et l’esprit vivifiant d’une révolution peuvent faire pour nourrir, vêtir, loger et combler de tout le luxe possible deux millions d’êtres intelligents.

Point n’est besoin de faire pour cela du roman. Ce que l’on connaît déjà ; ce qui a été déjà essayé, et reconnu comme pratique, suffirait pour l’accomplir, à condition d’être fécondé, vivifié du souffle audacieux de la Révolution, de l’essor spontané des masses.