Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/296

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qu’il ne faut. Ils seraient vingt-quatre, qu’ils ne seraient pas trop. À quoi M. Ponce nous répondra probablement que, puisqu’il paie la somme effrayante de 2,500 francs par an de rente et d’impôts pour ses 11,000 mètres carrés de terrain, et 2,500 francs pour le fumier acheté dans les casernes, il est forcé de faire de l’exploitation. « Exploité, j’exploite à mon tour », serait probablement sa réponse. Son installation lui a aussi coûté 30,000 francs, sur lesquels certainement plus de la moitié en tribut aux barons fainéants de l’industrie. En somme, son installation ne représente pas plus de 3,000 journées de travail, — probablement beaucoup moins.

Mais voyons ses récoltes : 10,000 kilos de carottes, 10,000 kilos d’oignons, de radis et autres petits légumes, 6,000 têtes de choux, 3,000 choux-fleurs, 5,000 paniers de tomates, 5,000 douzaines de fruits choisis, 154,000 salades, bref, un total de 125,000 kilos de légumes et de fruits sur un hectare et un dixiéme — sur 110 mètres de long et 100 mètres de large. Ce qui fait plus de 110 tonnes de légumes à l’hectare.

Mais un homme ne mange pas plus de 300 kilos de légumes et de fruits par an, et l’hectare d’un maraîcher donne assez de légumes et de fruits pour servir richement la table de 350 adultes durant toute l’année. Ainsi, 24 personnes, s’employant toute l’année à cultiver un hectare de terre, mais n’y donnant plus que cinq heures par jour, produiraient assez de légumes et de fruits pour 350 adultes, ce qui équivaut, au moins, à 500 individus.

Autrement dit, en cultivant comme M. Ponce, — et ses résultats sont déjà dépassés, — 350 adultes devraient donner chacun un peu plus de 100 heures par