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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/101

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pactisé avec l’émeute. « Allons-nous devenir les tribuns d’un peuple effréné ? » se demandaient ces messieurs.

Mais l’émeute grondait déjà dans la banlieue de Paris. À Nangis, le peuple avait refusé de payer les impôts tant qu’ils n’auraient pas été déterminés par l’Assemblée ; et, comme le pain manquait (on ne vendait pas plus de deux boisseaux de froment à chaque acheteur), le marché était entouré de dragons. Cependant, malgré la présence de la troupe, il y eut plusieurs émeutes, à Nangis et dans d’autres petites villes de la banlieue. Une querelle entre le peuple et les boulangers surgissait facilement, et alors on enlevait tout le pain sans payer, dit Young (p. 225). Le 27 juin, le Mercure de France parle même de tentatives faites en divers endroits, notamment à Saint-Quentin, de faucher les récoltes en vert, si grande était la disette.

À Paris, les patriotes allaient déjà le 30 juin s’inscrire au café du Caveau, pour l’insurrection ; et le lendemain, lorsqu’on apprit que Broglie avait pris le commandement de l’armée, la population, disent les rapports secrets, disait et affichait partout que « si la troupe tirait un seul coup de fusil, on mettrait tout à feu et à sang… Elle a dit beaucoup d’autres choses, beaucoup plus fortes… Les gens sages n’osent plus paraître », ajoute l’agent.

Le 2 juillet, les fureurs de la population éclatent contre le duc d’Artois et les Polignac. On parle de les tuer, de saccager leurs palais. On parle aussi de s’emparer de tous les canons répartis dans Paris. Les attroupements sont plus nombreux et « la fureur du peuple