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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/163

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et la bourgeoisie s’emparait des armes qu’elle trouvait à l’hôtel-de-ville, ou chez les armuriers, et organisait sa garde nationale, de peur que les pauvres de la ville, faisant cause commune avec « les brigands », n’attaquassent les riches.

À Péronne, capitale de la Picardie, les habitants s’étaient révoltés dans la deuxième moitié de juillet. Ils incendièrent les barrières, jetèrent à l’eau les officiers de la douane, s’emparèrent des recettes dans les bureaux de l’État et libérèrent tous les détenus des prisons. Tout cela s’était fait avant le 28 juillet. Dans la nuit du 28 juillet, — écrivait le maire de Péronne — à la réception des nouvelles de Paris, le Hainault, la Flandre et toute la Picardie ont saisi les armes ; le tocsin sonnait dans toutes les villes et les villages. Trois cent mille hommes de patrouilles bourgeoises se tenaient en permanence — et tout cela pour recevoir deux mille « brigands » qui, disait-on, parcouraient les villages et allaient brûler les récoltes. Au fond, comme l’a très bien dit quelqu’un à Arthur Young, tous ces « brigands », ce n’était autre chose que d’honnêtes paysans, qui en effet, s’étant soulevés et armés de fourches, de gourdins et de faux, forçaient les seigneurs à abdiquer leurs droits féodaux, et arrêtaient les passants en leur demandant s’ils étaient « pour la nation ? » Le maire de Péronne l’a aussi très bien dit : « Nous voulons être dans la terreur. Grâce aux bruits sinistres, nous pouvons tenir sur pied une armée de trois millions de bourgeois et de paysans dans toute la France. »

Adrien Duport, un membre très connu de l’Assemblée et du Club Breton, se vantait même d’avoir armé de