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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/209

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Versailles, pour demander le renvoi des députés « ignorants, corrompus et suspects », qui défendaient le veto suspensif du roi. En attendant, on les menaçait de mettre le feu à leurs châteaux et on les avertissait que deux mille lettres avaient été envoyées en province à cet effet. Ce rassemblement fut dispersé, mais l’idée continua à être discutée.

Le 31 août, le Palais-Royal envoyait à l’Hôtel-de-Ville cinq députations, dont une conduite par le républicain Loustalot, pour engager la municipalité de Paris à exercer une pression sur l’Assemblée et empêcher l’acceptation du veto royal. Ceux qui faisaient partie de ces députations allèrent, les uns, jusqu’à menacer des députés, les autres, jusqu’à les implorer. À Versailles, la foule, en larmes, suppliait Mirabeau d’abandonner le veto absolu en faisant cette remarque si juste, que si le roi avait ce droit, il n’y aurait plus besoin d’Assemblée (Buchez et Roux, p. 368 et suivantes ; Bailly, II, 326, 341.)

Dès lors, l’idée a dû naître qu’il serait bon d’avoir l’Assemblée et le roi sous la main, à Paris. En effet, dès les premiers jours de septembre, on parlait déjà en plein air au Palais-Royal d’amener le roi « et M. le dauphin » à Paris, et on exhortait pour cela tous les bons citoyens à marcher sur Versailles. Le Mercure de France en faisait mention dans son numéro du 5 septembre, p. 84, et Mirabeau parla de femmes qui marcheraient sur Versailles, quinze jours avant l’événement.

Le dîner des gardes le 3 octobre, et les complots de la Cour précipitèrent les événements. Tout faisait pressentir le coup que la réaction se proposait de frapper.