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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/218

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nouvelle émigration, mais cette fois-ci ce n’était plus la Cour qui en donnait le signal : c’était l’Assemblée.

Cependant, l’Assemblée avait aussi dans son sein une forte majorité de représentants de la bourgeoisie qui surent profiter des premiers moments pour asseoir le pouvoir de leur classe sur des bases solides. Aussi, avant même de se rendre à Paris, le 19 octobre, l’Assemblée avait déjà voté la responsabilité des ministres ainsi que des agents de l’administration devant la représentation nationale, et le vote des impôts par l’Assemblée, — les deux premières conditions d’un gouvernement constitutionnel. Le titre du roi de France devenait : roi des Français.

Pendant que l’Assemblée profitait ainsi du mouvement du 5 octobre pour s’établir souveraine, la municipalité bourgeoise de Paris, c’est à dire le Conseil des Trois Cents, qui s’était imposé après le 14 juillet, profitait de son côté des événements pour établir son autorité. Soixante administrateurs, pris dans le sein des Trois Cents, et répartis en huit départements (subsistances, police, travaux publics, hôpitaux, éducation, domaines et revenus, impôts et garde nationale) s’arrogeaient tous ces pouvoirs et devenaient une puissance respectable, d’autant plus qu’ils avaient pour eux les 60.000 hommes de garde nationale, pris seulement parmi les citoyens aisés.

Bailly, le maire de Paris, et Lafayette surtout, le commandant de la garde nationale, devenaient d’importants personnages. Quant à la police, la bourgeoisie se mêla de tout : réunions, journaux, colportage, annonces, — afin de supprimer tout ce qui lui était hostile. Et enfin,