Aller au contenu

Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/256

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

quelle aujourd’hui on attache tant d’importance, semblait alors aux Parisiens et même aux législateurs de l’Assemblée une question inutile et attentatoire à la liberté. Comme Proudhon, qui disait : La Commune sera tout, ou rien, les districts de Paris ne comprenaient pas que la Commune ne fût pas tout. « Une Commune, disaient-ils, est une société de co-propriétaires et de co-habitants, renfermés dans l’enceinte d’un lieu circonscrit et limité, et ayant collectivement les mêmes droits qu’un citoyen. » Et, partant de cette définition, ils disaient que la Commune de Paris – comme tout autre citoyen – « ayant la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression », a, par conséquent, tout le pouvoir de disposer de ses biens, ainsi que celui de garantir l’administration de ces biens, la sécurité des individus, la police, la force militaire, – tout. La Commune, en fait, est souveraine sur son territoire : Seule condition de liberté pour une Commune.

Mieux encore. La troisième partie du préambule de la loi municipale de mai 1790 établissait un principe que l’on comprend mal aujourd’hui, mais que l’on appréciait beaucoup à cette époque. C’était celui d’exercer directement ses pouvoirs, sans intermédiaires. « La Commune de Paris, à raison de sa liberté, ayant par elle-même l’exercice de tous ses droits et pouvoirs, elle les exerce toujours elle-même, – directement autant que possible, et aussi peu que possible, par délégation. » C’est ainsi que s’exprimait le préambule.

Autrement dit, la Commune de Paris ne sera pas un État gouverné, mais un peuple se gouvernant lui-même directement, sans intermédiaires, sans maîtres.