Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/258

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potisme. » Ainsi, le peuple français semble avoir compris, au début de la Révolution, que l’immense transformation qui s’imposait à lui ne pouvait être accomplie, ni constitutionnellement, ni par une force centrale : elle devait être l’œuvre des forces locales, et, pour agir, celles-ci devaient jouir d’une grande liberté.

Peut-être, aura-t-il pensé que l’affranchissement, la conquête de la liberté, devait commencer par le village, par chaque ville. La limitation du pouvoir royal n’en serait rendue que plus facile.

Il est évident que l’Assemblée nationale chercha à tout faire pour diminuer la force d’action des districts et pour les placer sous la tutelle d’un gouvernement communal, que la représentation nationale pourrait tenir sous son contrôle. Ainsi la loi municipale des 27 mai — 27 juin 1790 supprima les districts. Elle voulait mettre fin à ces foyers de la Révolution, et pour cela elle introduisit d’abord une nouvelle subdivision de Paris, en 48 sections, et ensuite, elle ne permit qu’aux citoyens actifs de prendre part aux assemblées électorales et administratives des nouvelles « sections ».

Cependant, la loi avait beau limiter les devoirs des sections en statuant que dans leurs assemblées elles ne s’occuperaient « d’aucune autre affaire que des élections et des prestations du serment civique » (titre I, article 11), — on n’obéissait pas. Le pli avait déjà été pris depuis plus d’un an, et les « sections » continuèrent à agir, comme les « districts » avaient agi. D’ailleurs, la loi municipale dut bien accorder elle-même aux sections les attributions administratives que les districts s’étaient déjà arrogées. Aussi retrouve-t-on dans la